La Ville Macé
La Ville Macé est un des nombreux villages de la commune des Fougerêts, situé au Nord de la route départementale 777 qui mène de Saint-Martin-sur-Oust à la Gacilly.
Le nom du village provient du manoir du même nom dont nous traiterons ci-dessous.
Géologie : un sous-sol de schiste et de minerai de fer
Une veine de schiste ardoisier passe au-dessous de la Ville Macé (De Fulkériac à ... Les Fougerêts - Chanoine Royer p 150)
Les schistes ardoisiers de la Ville Macé renferment du minerai de fer (même source p 152)
Le minerai de fer a été exploité entres les villages de la Ville Basse et de la Ville Macé (Notice qui accompagne la carte géologique du secteur de Malestroit p 43-44). Des recherches ont indiqué la présence de plomb, zinc, cuivre, argent dans le secteur de la Ville Macé (même source p 44)
Aperçu historique quant à l’ancienneté d’un habitat aux Fougerêts
Trois faits nous indiquent un peuplement du territoire des Fougerêts entre -2200 et – 50 avant JC :
-
l’exploitation du fer entre la Ville Basse et la Ville Macé (voir ci-dessus)
-
La découverte de scories résultant d’une activité sidérurgique (bas fourneaux) près de la Jouardais. (Site répertorié par le service régional d’archéologie)
-
La découverte à la Cour de Launay de débris de céramique datant du second âge du fer (période attestée par un céramologue du SRA) apporte également la même information.
L’existence aux Boissières, à la Vigne, à la Brousse, aux Mazerits de vestiges gallo romains, prouve que le sud de la commune a été habité à l’époque gallo-romaine. (Découverte attestée en 1976 par le service régional d’archéologie)
Il se pourrait que le site de Caillibouis ait été occupé au néolithique (partie de menhir découverte sur le lieu lors de la sortie géologique faite avec Marie-José le Garrec, géologue, mais non attestée à ce jour par le Service régional d’archéologie). Si cette hypothèse se vérifie, cela signifierait que notre petite région a été occupée depuis plus longtemps que ce que l’on avait toujours cru.
La Ville Macé, les propriétaires du Manoir
La ville Macé, située au nord de la commune des Fougerêts est un fief des seigneurs de Rieux, ce qui veut dire que les terres ont été concédées à un vassal par le seigneur de Rieux, moyennant des obligations féodales : versement de rentes, obéissance et hommage, devoir de rachat…). En 1426 ce vassal est Jehan Hastelou.
En 1426, La réformation des Fouages (le fouage est similaire à un impôt foncier, payé par les seuls roturiers, les nobles en étant exempts à cause de leur devoir d’armement, ainsi que les indigents) nous apprend que l’hébergement de la Ville Macé appartient à Jehan Hastelou, sieur de Trélan (en Saint Martin). L'hébergement est qualifié d’ancien et il y a métairie ancienne en laquelle demeure Jehan Guchart ».
Ce document de réformation nous révèle qu’il y a deux autres familles à la Ville Macé, et donc deux habitations autres que le Manoir et sa métairie. Il s’agit de :
-
"Eon Ryo, sa fille et son gendre et Eon Piguel demeurant ensemble"
-
"Guillaume Le Moine, sa fille et Jehannet Guillorel, son gendre, un valet et un serviteur du dit Moine." (Source : Hervé Torchet - La réformation des fouages de Vannes 1426 - Editions La Perenne)

L'ancien manoir de la Ville Macé avec sa tour tronquée et ses latrines en bas côté
Jehan Hastelou possédait plusieurs métairies, exemptes de Fouage tout comme d’ailleurs ses propres domaines. Il devait donc, en échange, participer aux conflits avec un armement en rapport avec ses revenus. Il fut de la suite de Guillaume Eder et de la suite du Duc en 1425 ( Source : Dom Morice preuves III. page 173)
« Jehan Hastelou décède en 1443 laissant veuve. Mahé Hastelou, fera son rachat » (Source Hervé Torchet). Le rachat étant le paiement d’une année de revenus lors d’une succession, au seigneur supérieur, dans le cas présent, le Seigneur de Rieux
Pour prouver leur capacité de participer à des conflits les nobles durent présenter leurs armements lors de montres générales organisées par évêchés
En 1464 Les hoirs (héritiers) de Guillaume Hastelou sont convoqués à la montre générale de Vannes pour la paroisse des Fougerêts ils y sont dits défaillants. (Source La noblesse Bretonne Comte de Laigue, éditions mémoire et documents)
En 1477, il n’y a aucun Hastelou à la montre, pour la paroisse des Fougerêts
En 1481 on trouve, Jehan Hastelou peut être descendant direct de Guillaume cité précédemment (même source que ci-dessus)
Michelle Hastelou fut l’épouse de Vincent de Maigne seigneur de la Jouardais (1486-1509) (Source : Mémoire de Marie de Cauquereaumont : La Jouardais une petite seigneurie de Haute Bretagne XV- XVI siècle). On ne sait quel était son degré de parenté avec Jehan Hastelou
En 1514 une autre réformation des fouages (88 ans après la première) est effectuée pour la paroisse des Fougerêts. C’est Olivier Rio que l’on retrouve à la maison et métairie de la ville Macé. On apprend que ce domaine est « débattu » entre lui et Vincent Mancel de la Ville Caro.
Olivier Rio succède à son père Guillaume Rio comme receveur des comptes de Rieux à Peillac (Sources : De Fulkériac à ... Les Fougerêts - Chanoine Royer & Jean IV de Rieux maréchal de Bretagne 1447-1519 - Gérard Danet).
Olivier décède en 1537
Selon le chanoine Royer (page 98 de son ouvrage) la petite fille d’Olivier Rio, Isabelle, est la dernière Dame de La Ville Macé. Cependant en 1564 elle occupe le manoir de la Cordonnais, construit par son grand-père Olivier.
En 1575 Jan du Grano est dit sieur de la Ville Macé, (Source Archives du Morbihan - 9 J 32 - Comte de Laigue dans son relevé des nobles, dans les registres paroissiaux). On ne sait rien d’autre sur cette personne.
Quelques habitants du Village de la Ville Macé
Le minu de 1532 rendu au seigneur Claude de Rieux par Vincent de Maigne et qui répertorie les biens de Gilles de Maigne, son père décédé, fait mention d’un Guillaume Chesnaye de la ville Macé « estagier à cause de la tenue Manguy : un devoir de jouveigneurie et obéissance » ce qui signifie que Guillaume Chesnaye habitant la Ville Macé avait des devoirs vis-à-vis de Gilles de Maigne. (Source : Mémoire de Marie de Cauquereaumont : La Jouardais une petite seigneurie de Haute Bretagne XV- XVI siècle)
En 1648 dans un aveu de plusieurs personnes (Un aveu est une reconnaissance des devoirs envers un seigneur) au seigneur de la Luardais, on cite Jean Chesnais boulanger au village de la Ville Macé.
En 1656 naissance à la Ville Macé de Pierre Roux fils de Jean Roux et Jeanne Renaud il fut docteur en théologie. (De Fulkériac à ... Les Fougerêts - Chanoine Royer p 100)
En 1666 Jacques Chesnays est cité au manoir de la Ville Macé (Source : Fonds Galles AD 56). Nous n’avons pas d’autres précisions par cet historien.
Alain Roux, un des enfants du couple Alain Roux et Julienne Gicquel, devient abbé, son titre clérical fut constitué par sa mère en 1727, il reposait entre autres sur le gage d’une maison couverte d’ardoises, située au village de la Ville Macé, consistant "en un en bas, chambre en haut et grenier au-dessus, jardin au costé de ladite maison cernée de ses haies". (De Fulkériac à ... Les Fougerêts - Chanoine Royer p 416).
1723, on sait par les actes de sépulture que Alain Roux, Maitre, procureur de la juridiction de la Grionnais est décédé en sa maison de La Ville Macé, sa fille Perrine y décède également la même année.
Renseignements apportés par les "Rolles de capitation" : les habitants de la Ville Macé entre 1771 et 1790
Les rôles de capitation (La capitation étant un impôt annuel pour les dépenses militaires du royaume) concernent dans le cas présent les roturiers. Les rôles de capitation pour les nobles étant comptabilisés à part, nous n’y avons pas retrouvé de nobles de la Ville Macé (Source : AD 56 série 21C)
-
Capitation des roturiers 1771 : La veuve René Royer, André Chesnais, Veuve Joseph Seguin, François Fontaine, Jean Hervy, Julien Guillouche
-
Capitation 1774 : Gilles Royer, André Chesnais, Veuve Joseph Seguin, François Fontaine, Jean Hervy, Julien Gloux
-
Capitation de 1782 : Gilles Royer, Julienne Tatare, Pierre Gautier, André Chesnais, Joseph Burban, Jean Hervy, Jeanne Hervy, Jan Burban
-
Capitation de 1784 : Gilles Royer, Pierre Gauthier, Joseph Mouro, André Chesnais, Joseph Burban, Jean Hervy, Jan Burban
-
Capitation 1785 : Gilles Royer, La veuve Pierre Gauthier, Joseph Mouro, André Chesnais, Guillaume Chesnais fils d’André, Les mineurs de Joseph Dréan, Joseph Burban, Jan Hervy, Jan Burban, Louis Royer
-
Capitation 1786 : Gilles Royer, La veuve Pierre Gauthier, La veuve Joseph Mouro, André Chesnais, Guillaume Chesnais, Les Mineurs Dréan, Jan Hervy, Yves Burban, Louis Royer
-
Capitation 1787 : Idem 1786 en enlevant Guillaume Chesnais
-
Capitation 1790 : Jean Racouet, Gilles Royer, La veuve Gauthier, Pierre Chedaleux, André Chesnais, Les mineurs Dréan, Yves Burban, La veuve Jean Hervy, Louis Royer
Toutes les listes de capitation n’ont pas été retrouvées, mais on peut en tirer les informations suivantes : à la Ville Macé, on a oscillé entre 6 et 10 foyers. Il y avait donc probablement 6 à 10 bâtiments habités entre 1771 et 1790.

Le village de la Ville Macé sur le cadastre Napoléonien de 1824
Renseignements apportés par les recensements de population depuis 1836
Les recensements de population qui se sont échelonnés depuis 1836, tous les 5 ans environ et ce jusque 1931, nous apportent des renseignements plus précis sur les foyers puisqu’on y note la composition précise de la famille, parfois le métier exercé par le chef de ménage et le nom des domestiques de la famille. (Source archives en ligne AD 56 recensements de population)
Nous n’avons repris que deux de ces recensements, celui de 1836 et celui de 1931 soit 95 ans après :
-
1836, Ville Macé p18/20 6 familles :
-
Mathurin Rouxel Manœuvre et Françoise Royer son épouse journalière et leurs deux enfants
-
Louis Bellavoir Laboureur et Marie Morice son épouse, leurs trois enfants
-
Anne Gauthier veuve Année et ses 4 enfants
-
Fontaine Jean Marie, Fontaine Anne, Gicquel Renée vivant ensemble
-
Joseph Coyac et Jeanne Hervy son épouse, sabotiers leurs 4 enfants
-
Philippot Joseph et Royer Marie sabotiers et leurs 8 enfants
-
-
1931, Ville Macé P17/20 5 familles :
-
Marchand Jean Cultivateur et son épouse née Lacnée et leurs trois enfants
-
Ernest Joly et son épouse née Piguel, sans profession, leurs quatre enfants et une domestique
-
Veuve Piguel née Renaud et sa fille cultivateur
-
Chesnais Jean et sa femme née Chotard et un enfant
-
Veuve Renaud née Lecadre et ses trois enfants
-
En conclusion
Ces quelques pages rassemblent des informations venant de nos recherches sur des ouvrages historiques, ainsi que de celles effectuées aux archives départementales du Morbihan.
Les généalogistes peuvent tirer profit de ces "rolles" de Capitation et aussi des différents recensements en ligne depuis 1836.
L’origine de propriété des différentes habitations : le manoir et les autres maisons de la Ville Macé, peut se faire en remontant de nos jours vers la période révolutionnaire par l’intermédiaire des archives notariales, par les matrices cadastrales ou la conservation des hypothèques (voir document « Rechercher l’histoire de sa maison » - disponible auprès de l'ACLPF)
Avant la révolution, pour le XVIIIème siècle, il convient de consulter les archives du contrôle des actes (quelques répertoires sont en ligne série 17 C - AD 56).
Avant cette période il faut se pencher sur les archives seigneuriales, donc en particulier les archives de la seigneurie de Rieux dont nous n’avons qu’une copie de répertoires aux Archives départementales (AD56 – côte E55). Malheureusement, les actes ont été brulés lors de la Révolution.
Nous espérons que l’habitat ancien et le petit patrimoine tel que puits et fours de ce village, seront préservés par les générations futures.
.png)
Le village de la Ville Macé avant le remembrement de 1976