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Les Launay et la Maison noble de Launay

Jehan de Launay

A ce stade de nos recherches, nous savons que l'Hébergement (lieu noble) de Launay est ancien selon la réformation de 1427. Nous savons également qu'il pourrait dater du XIème au XIIIème siècle du fait de l'existence d'une motte castrale aujourd'hui arasée. 

L'étude de dendrochronologie nous informe de l'homogénéité de la mise en oeuvre des charpentes, planchers et linteaux du manoir (hors charpente tardive du corps principal) et date cet ensemble de l'hiver 1469-1470 sachant qu'au Moyen-Âge, les bois de charpente étaient mis en oeuvre verts. Nous savons donc qu'il a été construit en 1470. 

La question qui nous est alors venue à l'esprit est : par qui ?

Les toponymes "Launay" sont foison, tout autant d'ailleurs que les patronymes éponymes. Cette terre de Launay était elle possédée par un seigneur du même nom et si cela avait été le cas, était-ce encore un seigneur de Launay qui avait construit le manoir que l'on peut encore voir aujourd'hui ?

Bien évidemment, les réponses à ces questions ne sont jamais simples ni faciles à trouver.

Mais le "fonds Castellan", (côte E5545/68) que nous avons évoqué plus avant, a continué à nous révéler ses secrets car le 10 juillet 1473, "escuyer Jehan de Launay, seigneur dudit lieu, sujet de noble escuyer Jehan de Canquoet, seigneur dudit lieu de Canquoet" lui adresse "foy hommage et rachat" pour "losteil et hébergement de Launay". 

Cet aveu de 1473 nous confirme de manière irréfutable que la Seigneurie de Launay en Les Fougerets est aux mains de la famille de Launay à cette date. Mais pour autant, est-ce Jehan de Launay qui a fait construire le manoir en 1470 ? Ce n'est pas certain car les aveux étaient établis lors d'une succession, d'une vente, d'un changement de propriétaire ou à l'occasion d'un changement de suzerain. Or on sait que Launay dépendait déjà de la Roche Gestin en 1406 et on sait grâce au mémoire d'Eric Cancouet cité plus haut que Jehan de Canquoet était déjà seigneur de la Roche Gestin en 1464. Il ne reste donc que deux hypothèses : 1) Jehan de Launay a tardé à reconnaitre Jehan de Canquoet comme son suzerain après avoir érigé son manoir 2) ce n'est pas lui qui l'a construit mais son père et il en a hérité 3 ans après. 

1473 - Aveu de Jehan de Launay pour la maison de Launay prez le pont d'aoust en la paroisse des Foulgeray a p... la Rochegestin - côte provisoire E5545/68.

Sceau de la Cour de Rieux (d'azur à dix besants d'or posés 4, 3, 2, 1.) en Peillac qui authentifie les actes de son ressort. Ce sceau est apposé sur l'aveu de Jehan de Launay ci-contre car la maison noble de Launay dépendait de la juridiction de la Cour de Rieux.

Charles de Launay

Nous disposons de 3 sources concernant Charles de Launay.

 

La première se trouve au Département des manuscrits français de la Bibliothèque Nationale sous la côte FR 22331 (extrait analytique de diverses archives seigneuriales de Bretagne - XVIIème siècle - Ancienne cote : Blancs-Manteaux 47). Il s'agit d'un inventaire des titres de Rieux qui reprend un acte de 1493 : "Minu de ce que tenoit Jean de Launay Sr dudit lieu baillé par Charles de Launay son fils 1493". Cette année est donc probablement celle du décès de Jehan de Launay.

Il est dommage que nous ne puissions pas retrouver ce minu mais l'inventaire confirme le lien de filiation entre Jehan et Charles de Launay.

Charles de Launay est également attesté dans "La noblesse bretonne aux XVe et XVIe siècles - Réformations et Montres" (Le Comte R. de Laigue) comme seigneur de Boro en Sain(c)t Vincent avant sa fille Marie de Launay (réformation de 1513).

Le deuxième document est un aveu passé en 1494 devant la Cour de Rieux, détenu dans les archives du château de la Jouardais et transcrit par Marie de Coquereaumont à la page 132 de son mémoire de maîtrise présenté à l'Université de Rennes 2 et intitulé "La Jouardais, une petite seigneurie de haute-bretagne (XVe - XVIe siècles)" (Archives du Morbihan - Côte TH613).

Cet aveu ne concerne pas à proprement parler la Cour de Launay mais en ce qu'il reprend l'inventaire des terres pour lesquelles le nouveau métayer de la Jouardais reconnait devoir rente et obéissance à son seigneur, il décrit ses terres et leur emplacement en fonction des terres qui les entourent et précise ainsi le nom du seigneur de Launay à cette date. Nous reprenons ci-après la transcription de Marie de Coquereaumont : " ... Une aultre piece de terre labourable syse ou grant clos contenant environ lequart dung journal de terre bitant d'un bout et coste au chemin qui conduit de la croueix de Treverel à la Grignonnaye et d'aultre bout à terre de Charles de Launay seigneur dudict lieu seix seillons de terre labourable ... / ... ITEM une pièce de terre nommée le Chanp auvilloux contenant environ ung journal de terre bitant d'un bout à terre audict seigneur de Launay et d'aultre bout au chemin du perrin et ...". La croix de Trevret/ Treverel, la Grionnais et le Clos Villouse sont des toponymes des Fougerêts situés à proximité de la Cour de Launay.

Le troisième document provient du "fonds Castellan" (côte E5544/10) des Archives du Morbihan.

Il s'agit d'un aveu qui s'intitule "Aveu de Launay dans les Foulgerais" daté du 21 mars 1501 et qui reprend nettement le nom de Charles de Launay. Nous avons fait transcrire cet aveu par la paléographe Laurence Hervieu (49-Contigné) et voilà qu'il révèle, malgré son état, des informations très interessantes.

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Marie de Launay & Pierre de Castellan

Ensuit le mynu et déclaration des terres et héritages ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... … ... ... sieur dudit lieu de Cancouet, d... ... et de la Rochegestin ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... vivant, sieur dudit lieu de Launay, étant en la paroisse ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... 

Et premier : la maison, manoir et hébergement ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... … ...et vignes, contenant le tout ensemble ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... … ... ... a la Grignonaye, les Noés de Launay.

Item, une ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ...de Launay, à présent en garet, contenant ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... dudit hébergement au Pont de Oust d... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ...audit feu Charles de Launay.

Item, une pièce de terre ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ...a présent ensemencée en seigle et froment ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... a Eon Garel.

Item, une autre pièce de terre contenant ... ... ... ... ... ... ... ... environ sept journaux, sise entre terre qui était audit défunt Charles de Launay et les Noés de Launay.

Item, une autre pièce de terre sous Grosse Lande contenant environ un journal, sise entre le chemin par lequel l'on va de Launay à la Hallaye et terre à Pierres Chesnaye et ses consorts. Item, une autre pièce de terre contenant environ quatre 

journaux dont il y a environ un journal en ... ... et tiers en froment et avoine, sise entre terres a Eon Roier, Jehan Prevost et leurs consorts, et ... un chemin nommé le chemin du ..., et les Noés de Launay. 

Item, une autre pièce de terre a présent ensemencée en ... contenant environ le quart d'un journal de terre butant d'une et d'autre part à terre qui était audit défunt Charles de Launay. Item, environ le quart de un journal de terre en bois ancien, sise au do... de la Porte dudit lieu de Launay, entre ledit chemin qui conduit dudit lieu de Launay à la Grignonaye, le chemin qui conduit dudit lieu de Launay au bourg des Fougerez.

Item, une autre pièce de terre nommée la Noé du Puiz, à présent en garet et fresche, contenant environ un journal et demi de terre, sise entre le pré a Eon Garel et Perrot Baudour, et terre à Jehan Chedaleuc.

Item, en l'Isle Coueffe et les Chalandieres, tant Suseraines que Souseraines, su... la rivière d'Aougst en ladite paroisse des Fougerez, environ s... hommees de pré comme aulnaist et vo... a tregiet avec les ... Jacquez Chesnaye dit Marcadé et leurs consorts, et chemin.

Item, tout ce que appartenait audit de Launay es communs appartenant a iceux fiez étant en la paroisse des Fougerez.

Lequel mynu noble homme Jehan de la Haye, sieur de la Forest, baille au nom et comme tuteur et garde de noble damoiselle Marie de Launay, sa nièce, fille et héritière seule dudit défunt Charles de Launay audit de Cancouet pour en jouir de la levée du ... par finaison ou autrement a l’accoutumée avec protestation ... ... par ledit de la Haye oudit nom d'augmenter

a ce présent mynu s'il avait rien omis ; et aux ... ... ... ... si plus y en avait mis qu'il ne devait.

Et tout ce que dessus ledit de la Haye oudit nom confesse être vrai et l'a promis et juré avoir, tenir, par notre court de Rieux à Fegreac à laquelle il s'est soumis par son serment et tous ses biens quant à ce, sous le seau établi aux contrat de notre dite court de Rieux a Fegreac. Ce fut fait et gréé en la ville de Rieux, le vingt et unième jour de mars, l'an finissant mil cinq cent et un.
... de la Tousche. Passé. ... Guyomar. Passé.

21 mars 1501. N° 493.

Aveu de Launay dans les Foulgerais.

Nous savons maintenant à quelle époque décède Charles de Launay et aussi que Marie de Launay devient dame de Launay en 1501

 

Dans son ouvrage sur les Montres et Réformations, le Comte de Laigue note pour les Foulgerez, lors de la réformation du 1er janvier 1513 : "La maison et métairie de Launay qu'à présent tient Pierre de Castellan et Marie de Launay sa compaigne."

Par son mariage avec noble escuyer Pierre de Castellan, Marie de Launay apporta la seigneurie de Launay en les Fougerêts à la famille de Castellan dont nous parlerons dans l'onglet suivant.

Dans le même ouvrage, et concernant Saint-Vincent, nous apprenons que lors de la même réformation "Noble escuier Pierre de Castellan et Marie de Launay sa femme tiennent et possèdent en lad. parroesse les maisons, manoir, garenne et métairie de Boro ; et auparavant de LX ans derrains tenoit et possédoit led. manoir et métairie feu Jehan Guerin ; et dempuis : feu Jehan Rio, Charles de Launay et chacun." 

Charles de Launay était donc propriétaire de Boro en Saint-Vincent et de Launay en les Fougerêts qui ont ensuite échu à Marie de Launay puis sont arrivés chez les Castellan par mariage. Cela ouvre de nouvelle pistes de recherche car nous savons que Boro dépend en ligne directe du Duc de Bretagne et, en l'occurence à cette époque, à la duchesse Anne de Bretagne.

Le fonds Bethune nous apprend que l’inventaire des « lettres qui estoient aux coffres de la feue Royne Anne de Bretagne » comprend « une lectre en parchemin, faisant mencion du mariage de Pierre de Castellan & Marie de Launay » (BNF-Français 2930 : https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc49382f/cd0e1000).

Mais en 1524, Marye de Launay, veuve, décède à son tour et Launay passe à son fils Jacques de Castellan.

Cet aveu nous apprend donc de manière formelle qu'en 1501, Charles de Launay est décédé et que sa fille et seule héritière s'appelle Marie de Launay. Elle est représentée par son tuteur et oncle Jean de la Haye, sieur de la Forest.

Mynu suite au décès de Marie de Launay - Archives du Morbihan.

Saint-Vincent

Jacques de Castelan

Mynu des tenues Rantier et 

heritaiges tombez en rachapt par le

deceix de Marye de Launay veufve de

Pierre de Castelan de son vivant dame

de Launay et de Boro situé en la parroice

de St Vincent soubz la juridiction dudit

... presanté par Escuier Regnault

de Castellan Sieur de Bignac tuteur

et garde de Jacques de Castellan fils

et herittier principal desdits mariez. Le

24e jour d'aoust 1524 Signé Evain

passé a Gillin Pernain passé Sallé

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